Sis à une vingtaine de kilomètres à l'est d'Aix-en-Provence, le petit village de Rousset se blottit contre son élise romane. Il semble y faire bon vivre et on a l'impression qu'il en a toujours été ainsi.
Pourtant la localité fut autrefois hantée par une étrange histoire de métamorphose. La tradition rapporte qu'un chevalier du lieu, Raymond, aperçut au cours d'une promenade sur les bords de l'Arc, une jeune fille qui ne manqua pas d'attirer son attention.
Il approcha, accrocha et... avisa. La demoiselle, racissante, radieuse, rayonnait de fraîcheur. Elle était si charmante que l'homme en conçus immédiatement un vif sentiment. Si violent qu'il demanda sur-le-champ la belle en mariage.
Celle-ci accepta aussitôt; à la condition toutefois que son prétendant s'engage à ne jamais chercher, sous aucun prétexte, à l'observer durant son bain. Le chevalier, surpris, y consentit volontiers, souriant de cette idée fantastique.
On organisa donc une fête fabuleuse, fastueuse. Les réjouissances se prolongèrent fort tard dans la nuit et laissèrent présager une union durable et heureuse. Ils eurent de beaux enfants, deux filles et deux garçons, tous quatre d'une exquise distinction.
La vie s'écoulait douce et sereine dans la riche demeure familiale jusqu'au jour où, étourdiment, maladroitement, inconsciemment, Raymond entre par inadvertance dans la chambre de son épouse. Or celle-ci est occupée à sa toilette.
Instantanément, le malheureux aperçoit glacé d'effroi, un serpent monstrueux, aux écailles visqueuses, s'élancer fors de la baignoire et franchir frénétiquement la fenêtre, pour aller se perdre dans les paluds qui jouxtent la rivière proche.
On dit qu'il sombra à jamais dans le désespoir...
Nul ne croisa plus ni l'effrayante bête, ni l'élégante dame !
Il paraît pourtant qu'un fantôme diligent et discret vint longtemps rôder sous les croisées attristées des descendants éplorés du chevalier Raymond de Rousset.
Le randonneur averti qui longe, les jours de pluis, les rives de l'Arc, imaginera facilement, s'il entend soudain un glissement parmi les herbes, la mélancolique Mélusine qui se soustrait irrémédiablement, irréversiblement, au regard des passants...
Contes et légendes de provence, Nicole Lazzarini, Edition Ouest France (2003)
Mélusine de Provence
23/07/2008
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Libellés : Contes et Légendes
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